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Elle ne sait plus exactement, personnage ou femme, quel corps elle habite. Elle a perdu le fil de son propre cours, et ne parvient plus ni à s’inventer, ni à se deviner. Elle dépend de lui… de sa voix toute entière posée sur son existence comme un ciel d’orage qui enferme et renoue, un toit lourd et abstrait, sous lequel un beau jour elle a accepté de vivre, sans savoir pourquoi, comment, lui, eux.
Ils n’ont jamais parlé d’avenir, ni créé de rêve sur le coin d’un oreiller, ils ont vécu comme des enfants, portés par un fleuve sans choix ni engagement, le flux des sans serment.
Ses songes à elle naissent du silence et de la nuit, au pied des livres et des mots, ou bien… quand elle se prend à le regarder dormir, se demandant ce que ce corps déposé près du sien comme une évidence, a à lui dire de son destin ou de sa liberté.